lundi 15 avril
“Pont-l’Abbé a conservé depuis des temps immémoriaux ses propres costumes et traditions. Il paraît difficile de trouver ailleurs une telle spécificité et un isolement aussi total. On dirait qu’à Pont-l’Abbé le temps s’est arrêté et que les gens vivent encore au Moyen Âge. » Mathilda Betham Edward, 1877
Un Pays bigouden ouvert sur le monde
Le « costume bigouden » est très souvent considéré par les visiteurs comme archaïque, sorte de vêtement figé dans le temps, enraciné dans des origines moyenâgeuses. Or, si les Bigoudens ont développé une esthétique vestimentaire singulière et originale, ils n’ont jamais vécu en autarcie. Ce sont bien les échanges commerciaux et l’ouverture sur le monde qui ont façonné cette mode insolite et chatoyante.
D’importantes recherches ont été menées par l’équipe du musée. Elles portent sur ces matériaux textiles, leur utilisation, et sur ces “marchands de mode” aux XVIIIe et XIXe siècles.
D’opulents marchands de mode
Les Bigoudens ont composé leurs façons de se vêtir, en fonction des habitudes vestimentaires en usage, de leur situation sociale, des savoir-faire locaux mais surtout en fonction des matériaux disponibles sur le territoire. Ces marchands-négociants, marchands-drapiers, marchands au détail, marchands-merciers, sont nombreux à Pont-l’Abbé et leur rôle est fondamental dans le choix des tissus et ornements composant le vêtement bigouden.
Dès la fin du XVIIIe siècle, ils ont mis à disposition des Bigoudens toutes les productions manufacturières et industrielles françaises, permettant ainsi au vêtement de se renouveler en permanence. Si aujourd’hui nous considérons les « costumes bigoudens » comme des vêtements « traditionnels », ils n’ont jamais été perçus comme tels par ceux qui les portaient. Au contraire, dès le début du XIXe siècle, les Bigoudens et les Bigoudènes en particulier, affichèrent leur ancrage dans la modernité, comme un autre possible vestimentaire.
Des matériaux textiles des quatre coins de France
L’étude des textiles bigoudens anciens révèle effectivement une foule de matériaux importés : des cadis d’Aignan, des soieries lyonnaises, de la rubanerie de Saint-Étienne, des boutons à pâte de verre, du verre soufflé de Bohème, du velours de soie… De manière complémentaire, les recherches archivistiques (inventaires après-décès, levées de cadavres…) mentionnent également des toiles de Nozay, des capes de Barracan, des bas de Saint-Marceau, du drap de Silésie, de la toile de Millau…
À y regarder de plus près, aucune matière première du vestiaire bigouden n’échappe finalement aux importations commerciales des marchands…
SCENOGRAPHIE
La scénographie a été réalisée par Michel Fagon, créateur de mobilier et de décors de théâtre, basé à Plonévez-Porzay. Le studio Laëtitia Riopel, architecte d’intérieur, a également collaboré à la mise en couleur et en lumière de l’exposition.
Commissariat scientifique : Solenn Boënnec / Collaboration : Rozenn Tanniou, Chantal Morvan
Le contenu de l’exposition
L’exposition évoque les provenances des importations, les circuits commerciaux, les marchands mais fait surtout la part belle au textile, à l’accumulation de matériaux – draps, soieries, rubans, perles de verre… – et à ces chatoyantes modes bigoudènes du XIXe siècle.