MUSEE BIGOUDEN
Musée de société / collecteur de mémoire(s) / conservateur de patrimoine / agitateur d’identité / chercheur en ethnographie…
De recherches en questionnements, le musée souhaite donner de la conscience, du savoir, du recul, de la saveur à un fragment d’universalité, celui de la mémoire bigoudène.
Le Musée Bigouden est créé en 1955 dans ce contexte de renouveau des musées d’arts et traditions populaires, en moins d’une année par un groupe de quatre personnalités : Jean Lautrédou, alors Maire de la ville, Bernard de Parades, Jean Coroller et Auguste Le Berre, gérant de la maison de broderie Pichavant.
Musée de territoire, il présente la société traditionnelle bigoudène (vingtaine de petites communes, à l’ouest de Quimper et Bénodet), au travers de collections d’objets, de mobilier, de costumes, d’outils agricoles et d’objets maritimes. Georges-Henri Rivière se félicite que la présentation des costumes traditionnels juxtapose les éclairages thématiques et chronologiques, dans une démarche pédagogique.
Le Musée Bigouden, que Georges-Henri Rivière appelait, tel un « enfant de l’amour », à entrer dans la famille des musées contrôlés, a été créé hors de tout cadre institutionnel. Georges‐Henri Rivière, ainsi que la Direction des Musées de France, soulignent néanmoins l’urgence à se doter d’un conservateur. Musée « contrôlé » en 1958, il est placé sous la tutelle des musées de Quimper jusqu’au début des années 1980.
Les décennies passent, les vitrines changent mais collections exposées demeurent et meurent. Le défaut d’encadrement scientifique du musée explique l’état d’abandon dans lequel se sont trouvées les collections et la muséographie pendant de longues années.
En 2002, le musée devient « Musée de France ». Après des années d’abandon, le Musée sort de sa léthargie grâce à la création d’une petite équipe dédiée (2 ETP) en 2007 par le maire : chantier des collections, récolement, programmes d’expositions temporaires, renouvellement annuel des collections permanentes textiles.
Les collections du musée expriment une évidence : la coiffe et le costume traditionnels forment le coeur et le corps de l’identité bigoudène. La coiffe singulière des femmes a tant marqué le pays qu’elle lui a donné son nom. Le terme bigouden, apparu dans les années 1830, désigne d’abord la petite pointe qui surmonte la coiffe. En vingt ans, son utilisation s’étend : par extension, il désigne l’ensemble de la coiffure, puis la mode vestimentaire des femmes et des hommes, et enfin l’ensemble du territoire.
À partir des années 1930, la coiffe a presqu’atteint sa taille maximale et l’image de la Bigoudène entre dans l’imaginaire des Français. Elle devient la vedette des syndicats d’initiatives, des affiches publicitaires, des livres d’école et des cartes postales, détrônant la coiffe de l’Aven qui représentait jusqu’alors le « costume national breton ».
De la parution du Cheval d’Orgueil aux recherches pluridisciplinaires menées à Plozévet, cette coiffe emblématique du Pays bigouden est partout reconnue. Elle a donc dépassé les limites du Pays bigouden, pour devenir l’emblème de toute la Bretagne. Cette silhouette familière participe des revendications d’appartenance à une Bretagne fière de ses traditions, qui affirme sa spécificité face à l’uniformisation du monde.
Les bigoudens ont fait feu de tout bois sur la question de la modernité. Tout témoigne d’une porosité importante entre les usages citadins et les usages paysans mais paradoxalement, les femmes notamment vont maintenir une mode vestimentaire spécifique, tout en la modernisant considérablement, comme un autre possible vestimentaire. A tel point que cette mode a très largement résisté jusque dans les années 1960, pour les derniers mariages. Alors que par exemple, la forme de la danse a évoluée très tôt, contrairement aux territoires voisins. Il en va de même pour la musique avec un rapprochement vers les gammes tempérées dès les années 1860. En 1993, les femmes étaient encore plus de 400 à porter la coiffe et le vêtement bigouden au quotidien.
On a ici un attachement fort au vêtement bigouden, contrairement aux autres territoires bretons où, si la coiffe a pu perdurer, les femmes avaient adopté les robes et autres impers.
De même, les bigoudens ont toujours fait de leur mode vestimentaire un atout commercial : une ornementation à la broderie de couleur à destination des citadins dès les années 1860, de la broderie blanches dès les années 1880, le picot ou la dentelle au crochet dès les années 1900 et pour finir la grande épopée du prêt-à-porter et du renouveau de la broderie bigoudène dans l’immédiate après-guerre. Ces industries ont employé des milliers de femmes sur le territoire.